La Vanité était un genre très pratiqué à l'époque baroque, une catégorie particulière de la peinture à haute valeur symbolique. Le message est d'inviter à la méditation sur l'inutilité et la futilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette. Mais ce genre n'était ni académique ni religieux. Il n'appartenait pas aux thèmes nobles tel que l'Histoire ou la Religion. Et il ne donnait pas de réponse dans le Salut. Or, quelque soit le médium choisit, la vanité connaît, depuis le milieu du 20ème siècle, un vérittable renouveau et fait preuve d'une étonnante actualité. Les Vanités dénoncent la relativité de la connaissance et la vanité du genre humain soumis à la fuite du temps et à la mort. Et là aussi notre animalité se confronte à notre humanité. J'ai décidé de faire une sorte de Memento mori de l'homme et de l'animal à notre époque, au regard de la peinture des siècles passés. Contempler une hypostase de la chair comme une sorte d'état temporaire.
Série de 22 photos couleurs réalisée en 2005 et 2006.
A la lueur d’une bougie, les fragments de corps et de visages apparaissent dans le grain de leurs balbutiements frôlant ainsi la lumière de Caravage ou de Georges De La Tour.
Série de 20 photographies noir et blanc réalisée en 2005.
« Tout ange est effrayant » disait Rilke. L’ange est une énigme entre matière et esprit, un gouffre entre pur et impur, une image entre visible et invisible. Tout ce que la photographie tente de raccorder avec la lumière, quand elle s’intéresse aux corps. Les anges semblent être des créatures ambivalentes. L’ange déchu est l’ange rebelle, celui qui voulut briller plus que son créateur mais aussi celui qui voulut percer son secret. Ce Diable, ou Satan, ou encore Lucifer qui signifie ‘porteur de lumières’, avant de déchoir était considéré comme le plus beau des anges. C’est étrange que d’être ange : « qui veut faire l’ange, fait la bête ! » Le photographe aussi est un porteur de lumières.
Série de 17 photographies couleurs réalisées en novembre 2010.
Vésanie : ‘douce folie’… Passion charnelle et dévorante, jeux où les corps se phagocytent l’un l’autre jusqu’à l’emballage de la chair morte, devenue viande… Série de 9 photographies couleurs réalisée en 2005.
Les archétypes religieux permettent de parler de la chair. Mais ils ont aussi un lien avec le souvenir. Et en l’occurrence il s’agit de mon souvenir du retable d’Issenheim de Matthias Grünewald. Mon imaginaire est déformé car lointain et personnel mais ce qu’il en reste est l’intensité dramatique et fantastique de ce triptyque qui rapproche Grünewald de Jérôme Bosch. Voici donc mon interprétation.
Série de 5 photographies couleurs réalisées en novembre 2010.
Christ, vierge et brahmane comme la mort, la naissance ou la renaissance des corps. Ce qui n’a pas d’organes n’a-t-il pas de peau ? L’animal n’a pas besoin de renouer avec lui-même, ce qui nous fait renouer avec nous-même c’est l’art, la religion, la morale. À travers des archétypes religieux j’ai fait un travail sur la lumière du corps mort (le Christ) comme une effigie, sur la lumière du corps vivant (la Vierge) comme un corps quelconque et sur la lumière du corps mystique, celui du brahmane. J’aime aussi bien travailler la couleur que le noir et blanc, comme un accès plus pur à la durée.
Série de 14 photographies couleurs et noir et blanc, réalisée en 2004 et 2005.
Des photographies de nus prisent en studio mettant en écho le rapport entre le corps et la chair devenue viande car froide et morte, sont en vis-à-vis avec des photographies prisent en Inde dans les villes du Rajasthan. Il s’agit de femmes de tout âge, habillées. Une sorte d’existence matérielle et symbolique des êtres. Le rôle et la place du corps au sein de deux civilisations.
Série de 10 photographies couleurs grands formats réalisées en 1998 (Inde) et 2001 (photos de studios).
Jeux de miroirs, mise en abîme.
Série de 8 photographies couleurs réalisées en 2009.
La piéta ou vierge de pitié est la mère pleurant son enfant. C’est un thème chrétien de souffrance et de mort qui était en vigueur aux XIVème et XVème siècle. Ce thème ne doit comporter que deux personnages, le Christ et sa mère. J’ai trouvé intéressant d’en rajouter un troisième, une femme nue tenant un cerveau ensanglanté vers la lumière. Puis, par extension, de représenter une femme nue éplorée devant un porcelet mort et une tête de veau. Il ne s’agit pas d’une image religieuse mais d’une réflexion sur les archétypes religieux et leur compréhension à travers l’Histoire.
Série de 6 photographies couleurs réalisées en 2006.
Thème de Rembrandt et de bien d’autres peintres, ce sujet d’études anatomiques me passionne car il est au cœur de l’animalité de l’homme. L’écorché est celui à qui l’on a retiré la peau et j’ai donc décidé de recouvrir de jambon cru un corps d’homme ainsi qu’un corps de femme en essayant de suivre plus ou moins le tracé des muscles et des ligaments mais sans exactitude. De ce fait, les corps paraissent tantôt morts, tantôt vivants. Le temps briffe les illusions d’un œil luisant de bouches mortes. Il ne s’agit pas d’un tas de viandes contractées vers dedans mais plutôt du désaccord intime entre monde et terre, relation même entre l’homme et l’animal, cette viande que nous sommes. Défaire les corps comme l’on défait le visage pour faire surgir la tête. « Lieu où les corps cherchent chacun leur dépeupleur »,* confronté à la passion de sa propre chair.
Série de 16 photographies couleurs et noir et blanc réalisée en 2004 et 2005.
Sacer :‘sacré’, c’est-à-dire aussi bien le divin, l’inviolable que l’abject ou l’abominable. Corps apolloniens ou dionysiaques? La chair et la viande, le corps froid et le corps chaud se rejoignent en un espace que j’appellerais ‘sacer’. C’est aussi le temps du paradis lesbien des ‘Eve’ -qui consomment la pomme, le ‘malum’ de son origine latine, qui signifie à la fois la pomme et le mal- et de l’histoire sado-masochiste d’Adam et Eve. Série de 18 photographies couleurs réalisée en 2004.
Le prolégomène de cette série est une histoire eschatologique figurant dans la Bible juive. En effet, ce texte se situe le dernier jour de l’humanité où ne subsistent plus que quatre hommes à tête d’animaux. Ces derniers s’apprêtent à tuer ‘Léviathan’ et ‘Béhémoth’, Le poisson et le bœuf afin de les manger lors d’un banquet nommé ‘Le banquet des justes’. ‘Béhémoth’ est un mot hébreu qui signifie ‘bêtes’ qui, en étant un seul animal en vaut plusieurs. Dans les dix fameux versets de Job, ‘béhémoth’ est décrit comme étant la plus grande des merveilles de Dieu, mais Dieu, qui le fit, le détruira. Or, j’ai décidé non d’illustrer ni de galvauder ou encore moins de falsifier ce texte, mais au contraire de me l’approprier, d’une certaine manière, afin de traiter de l’homme et de l’animal. Mon histoire commence donc le dernier jour de l’humanité où des femmes à têtes d’animaux vont tuer le dernier androgyne survivant, à la fois fragile et fort par sa persistance d’être. Ces femmes vont donc l’achever et le désosser afin de le dévorer lors d’un banquet nommé ‘Animalitas’. Corps archétypes, corps nus, dévorés, dévorant, cruentés ou béants, désirants ou charognards célèbrent un banquet entre ‘ouverture aveugle’ et ‘création de mondes’, hiatus de l’homme et de l’animal.
Série de 9 photographies couleurs réalisée en avril 2004.
Les animaux anthropophores sont des animaux volontairement esclaves de l’homme et qui ne peuvent se passer de cette dépendance. Un être qui se travestit est toujours le même être alors que, ici, il y a une contradiction entre l’organe et l’obstacle, entre l’instrument et l’impédiment. Mais c’est une positivité. Tandis que le temps, lui, reste ineffable et inexprimable.
Série de 12 photographies couleurs et de 12 noir et blanc réalisées en mars 2004.
Paris la nuit avec mon vieux Nikon et quelques pellicules n&b 3200 asa…
Série de 9 photos noir et blanc réalisées en 1995.
Diverses photos couleurs et noir et blanc réalisées en 2006 et 2010.